- Helen Levitt / Texte de Jean François Chevrier
- 144 pages
- Ouvrage borché
- 978-2-330-15008-2
Helen Levitt
Née à Brooklyn en 1913, Helen Levitt a dix-huit ans quand, en 1931, elle commence à travailler pour un photographe de quartier dans le Bronx. Elle s’installe à Manhattan, où elle vit jusqu’à sa mort en 2009. En 1935, elle découvre le Leica, promu par Henri Cartier-Bresson (rencontré au cours de son séjour de près d’une année à New York) et, en 1938, elle assiste Walker Evans, notamment pour la préparation de son exposition au MoMA, “American Photographs”. En 1941, elle passe plusieurs mois au Mexique ; c’est son seul voyage à l’étranger.
Ses images d’enfants jouant dans les rues des quartiers populaires new-yorkais font sa réputation. Helen Levitt saisit la vitalité de l’aire de jeux informelle que constitue la rue. Elle témoigne de la coexistence, parfois heureuse, parfois conflictuelle, des minorités ethniques, dans le Brooklyn de son enfance, ou dans le Lower East Side et les quartiers du nord de Manhattan – Harlem, Spanish Harlem –, d’où proviennent la plupart des images prises à partir de 1936.
Les photographies d’Helen Levitt évoluent dans un monde affranchi de la bienséance, du carcan des conventions et des normes sociales. Elle s’intéresse aux gestes, aux interactions et aux comportements rituels qui définissent le jeu, s’inspirant largement du burlesque cinématographique. Elle se consacre d’ailleurs au cinéma pendant plus de dix ans, de 1945 à la fin des années 1950.
Au fil des expositions et des publications, un corpus se constitue autour de quelques images mémorables, depuis une première exposition au Museum of Modern Art de New York en 1943 et, surtout, depuis la parution de l’album A Way of Seeing (1965), édité en collaboration avec James Agee.
Plus qu’un style ou un standard personnel, cette “manière de voir” tient au rendu du mouvement et de la fugacité, à l’impromptu, la fluidité, ainsi qu’au caractère étonnamment théâtral des situations de dialogue saisies sur le vif. Helen Levitt privilégie toujours l’énigme et l’humour des interactions qui constituent le tissu quotidien de la vie sociale.