L’Odyssée est l’histoire d’un homme mû à la fois par le désir du retour chez lui et par une insatiable curiosité qui le pousse à faire des détours, à rencontrer l’autre et découvrir le monde. Ulysse tient les deux bouts de son désir, au prix de dix années d’errance. C’est lui-même qu’il découvre au bout du chemin. Si cette antique histoire nous parle encore, c’est qu’elle traite de questions universelles particulièrement d’actualité : l’identité, l’altérité, l’hospitalité.
Michaël Duperrin se rend dans les lieux supposés des errances d’Ulysse. Le photographe voyage à travers des strates multiples, entre l’ici et l’ailleurs, le maintenant et l’hier, le réel et la fiction, à la recherche d’échos entre passé mythique et réalité présente. L’expérience durera dix ans, le temps que met Ulysse à retrouver Ithaque.
Odysseus, l’Autre monde retrace la première partie de cette Odyssée, et nous immerge dans le monde des dieux, des monstres, des Enfers et des sirènes. Les photographies sont tirées en cyanotype, un des premiers procédés de tirage photographique, qui doit son nom à sa couleur. Alors que nous voyons la Méditerranée et son ciel d’un bleu intense, le mot « bleu » n’existe pas dans la langue d’Homère. L’adjectif qui plus tard désignera un bleu foncé renvoie dans l’Odyssée au monde de la Nuit et des Enfers, c’est-à-dire à l’Autre monde.