Françoise Chadaillac part au Québec en 1979 pour préparer une thèse, avec photos à l’appui, sur les espaces urbains. Sur place, elle est intriguée par de petites baraques en bois et autres véhicules recyclés qui, posés au bord de la route, proposent hamburgers, hot dogs et frites. Véritables institutions, on les appelle les « stands à patates frites ».
« Photographier ces “stands” m’a fait découvrir un phénomène de société, bien spécifique au Québec, véritablement ancré dans la vie des Québécois. Et comme me le dira quelqu’un au cours de mes rencontres : “Y a pas un Québécois qu’y a pas un stand à patates dans l’coeur ! ” À chacun son stand et sa meilleure patate, sa meilleure poutine, son meilleur hot-dog ou son meilleur pogo ! Mais surtout, j’y ai rencontré une petite parcelle d’humanité magnifique, simple, lucide, pleine d’humour, qui, nous parlant d’elle, nous parlait de l’humanité tout entière. Les paroles glanées au cours de mes prises de vue ont modifié mon projet et me sont apparues aussi indispensables que les images. »