Quel est ce corps portant les traces de ma grossesse, de mes rondeurs ; de ma déformation corporelle où le moindre changement peut amener à une perturbation mentale ? Qui est cet autre avec qui je mute, nous nous retrouvons en osmose cellulaire ; à évoluer ensemble, à se parler à travers nos peaux , à se perdre, à se confier, à s’aimer, à se consoler ? Et si je n’avais conscience de ma grossesse que par le regard de cet être ? Un regard qui vit la même histoire que moi. Serait ce la clef de l’évolution de mon corps qui m’appartient mais où je ne contrôle rien ? Car ensemble, nous pouvons nous défaire de la peur de l’inconnu et jouer avec nos émotions filtrées du dehors, devenant des souvenirs à partager, marquant nos peaux, soudant nos âmes, mon fœtus, ma chair. Dans une pièce obscure, où l’on voit transparaître une lumière tamisée, j’explore les liens entre la mère et l’enfant à naitre et les correspondances conscientes ou inconscientes lors des 9 mois de grossesse. Cette série picturale, très intérieure et poétique, quasi psychanalytique où les mères deviennent vestales vient d’une volonté de resserrer des liens entre la mère et son futur enfant. Ainsi, le regard se retrouve projeté dans des jeux de résonances entre deux corps différents mais liés par une magie inconsciente. Ces photographies évoquent une quête de la future mère et une quête de soi, où chacune s’approprie son corps à sa manière dans un univers échographique sombre où des corps quasi statuaires dialoguent avec solennité et puissance. « In Foetu » est un témoignage de la femme enceinte.
— Emmanuelle Bousquet

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