Khamsa khamsa khamsa – cinq en arabe, répété trois fois comme une incantation protectrice – est un récit visuel autobiographique déployé sous la forme d’une archive familiale. À première vue, Julia Gat y raconte son enfance et son adolescence, entourée de ses quatre frères et sœurs, élevés loin des bancs de l’école en suivant des pédagogies alternatives. Toutefois, en filigrane de ces images aux allures d’album de famille, c’est une écriture de photographe qui s’affirme. Julia Gat se raconte en définissant progressivement son regard posé sur les visages de son entourage, sur des corps en pleine croissance ou sur de paisibles paysages méditerranéens.

Ponctué de portraits d’amis et de scènes domestiques, l’ouvrage s’articule autour de cinq protagonistes : les sœurs Sara et Nina, les frères Michael et Jonathan, et Julia, cinquième membre de la fratrie qui se projette en eux derrière son objectif. “Quand j’avais 10 ans, je me suis promis de ne jamais oublier comment l’enfant voit le monde : tout est nouveau, l’imagination se mêle à la réalité et l’inconnu est passionnant,” affirme Julia Gat. Pour l’artiste, documenter son quotidien est un fil d’Ariane qui lui permet de lier sa pratique d’adulte à sa sensibilité d’enfant.

“Khamsa khamsa khamsa est une invitation à réinventer la pratique de l’apprentissage avec un sentiment de liberté. Voilà ce dont je suis reconnaissante.”

À l’heure où l’enseignement à domicile fait l’objet de mesures gouvernementales restrictives, ce premier ouvrage est un hommage à une autre éducation, placée sous le signe de l’expérimentation ; une jeunesse propice à l’éclosion précoce d’un talent visuel comme celui de Julia Gat. Cette collection de tableaux à la fois candides et ouvragés révèle une artiste qui a toujours été libre d’écrire sa propre histoire.