Toujours en activité, cette artiste prolifique a contribué de manière majeure au courant de la photographie humaniste française, qui rassemble des photographes comme Robert Doisneau, Willy Ronis ou encore Brassaï. Le goût de la rencontre, le souci de la technique et une curiosité vive et constante pour l’observation des gens – anonymes ou personnalités publiques – apparaissent comme les fils conducteurs d’une œuvre très diverse.
Née en 1924, Sabine Weber choisit d’être photographe à l’âge de dix-huit ans. Elle arrive à Paris en 1946 pour être l’assistante de Willy Maywald et travaille dans de nombreux domaines, de l’illustration au reportage, du portrait à la mode et à la publicité, en parallèle d’essais plus personnels. Mariée en 1950 avec le peintre américain Hugh Weiss, elle photographie de nombreux artistes et rejoint l’agence Rapho en 1952 par l’entremise de Robert Doisneau. Maîtrisant l’anglais, elle est souvent envoyée à l’étranger et collabore étroitement avec l’agence Rapho Guillumette, (dirigée par Charles Rado à New York). C’est du Museum of Modern Art de New York (expositions “Post-War European Photography” en 1953 et “The Family of Man” en 1955) et de l’Art Institute de Chicago (exposition personnelle, 1954) que lui viendra la reconnaissance, un peu avant que la Bibliothèque nationale de France ne présente son travail à partir de 1953. Il faudra néanmoins attendre 1978, avec une rétrospective à Arras, deux monographies et l’engouement du public, pour qu’elle-même redécouvre et reprenne son travail en noir et blanc. Plusieurs expositions récentes, notamment la rétrospective organisée par le musée du Jeu de Paume au château de Tours en 2016 et l’exposition au Centre Pompidou à Paris en 2018, montrent que la réévaluation de ses archives et de son œuvre ne fait que commencer.
En 2020, Kering et les Rencontres de la photographie d’Arles ont remis le prix Woman in Motion à Sabine Weiss, saluant une carrière exceptionnelle. Une exposition hommage lui sera consacrée lors des prochaines Rencontres d’Arles en 2021. Sabine Weiss a fait don de ses archives au musée de l’Élysée à Lausanne ; elles seront conservées et valorisées dans le nouveau musée Plateforme 10 dès l’automne 2022.